Explorateur passionné et spéléologue de légende, Norbert Casteret a profondément marqué l’histoire de la cavité préhistorique de Labastide. Spécialiste des explorations pyrénéennes, il a découvert près de 2 000 grottes et gouffres, notamment :
la source de la Garonne, dans la Val d’Aran (Espagne) ;
la grotte Casteret en Espagne ;
le gouffre de la Henne Morte ;
la grotte de la Pierre-Saint-Martin, jusqu’à la salle de la Verna ;
le Gouffre d’Esparros en 1938
C’est en 1931 que Casteret, lors d’une exploration solitaire, repère les premières gravures et peintures pariétales dans la Grotte aux Chevaux de Labastide.
Dans Ma vie souterraine, Casteret relate avec intensité la découverte inopinée du magnifique cheval polychrome, dissimulé à flanc de paroi sur un imposant bloc rocheux. Ce n’est qu’en repassant à un endroit qu’il pensait déjà avoir inspecté que la silhouette rouge du cheval lui apparaît soudainement. Il s’agit d’un animal d’une taille remarquable, mesurant plus de deux mètres, gravé au silex et rehaussé de plaques colorées d’ocre et de rouge sang.
L’œuvre impressionne non seulement par sa taille, mais aussi par la maîtrise technique de son auteur : effets de volumes par raclage différentiel, associations de pigments naturels (noir, rouge, brun) parfois mêlés pour obtenir des nuances subtiles, et un tracé noir énigmatique autour de l’œil qui semble souligner intentionnellement le regard de l’animal. Véritable icône de la Grotte aux Chevaux, ce cheval polychrome est aujourd’hui reconnu comme l’un des joyaux majeurs de l’art préhistorique mondial.
Après avoir franchi plusieurs fois les passages étroits et sinueux de la grotte, Norbert Casteret parvient à l’une des salles les plus emblématiques : celle du Lion. C’est là qu’il découvre, gravée dans la roche, une représentation saisissante d’un lion des cavernes en plein rugissement. Cette œuvre monumentale, grandeur nature, est un chef-d’œuvre de l’art magdalénien. Le fauve y apparaît dans toute sa puissance : gueule grande ouverte, canines menaçantes, babines retroussées, et le mufle plissé dans un rugissement éternel.
Dans son ouvrage Ma vie souterraine, Norbert Casteret raconte ce moment avec émotion, évoquant la posture du chasseur préhistorique qui, il y a des millénaires, s’était probablement agenouillé là, à la lueur tremblante d’une lampe à graisse, face à cette figure imposante. Cette découverte participe à la reconnaissance de Labastide comme un site majeur de l’art pariétal.
Norbert Casteret raconte la découverte du lion rugissant © CCPL, Véronique Chevalier
Personnalité hors du commun, Norbert Casteret a marqué l’histoire de la spéléologie autant par ses méthodes audacieuses que par sa capacité à transmettre sa passion au grand public. Connu pour sa témérité, il explorait les grottes en maillot de bain, équipé d’une simple lampe à acétylène et d’une boîte d’allumettes, repoussant les limites du possible dans des conditions rudimentaires. Cette image d’explorateur intrépide a contribué à forger sa légende.
Casteret ne s’est pas contenté d’explorer : il a aussi été un remarquable vulgarisateur. À travers plus de 500 articles et 45 ouvrages, dont les célèbres Ma vie souterraine, L’Appel des gouffres et Dix ans sous terre, il a su faire découvrir au grand public la beauté, la richesse et les mystères du monde souterrain. Conférencier recherché, intervenant à la radio et à la télévision, il a largement contribué à faire entrer la spéléologie dans l’imaginaire collectif du XXe siècle.
Sa plume captivante et son regard émerveillé sur les profondeurs ont inspiré de nombreuses vocations, faisant de lui une figure incontournable de l’exploration scientifique et poétique des mondes souterrains.
Au-delà de ses talents d’explorateur, Norbert Casteret s’est illustré comme un observateur rigoureux du monde vivant. Passionné par la faune cavernicole, il a consacré une part importante de ses recherches à l’étude des chauves-souris. Grâce à une méthodologie minutieuse, il a bagué environ 5 500 individus, ce qui lui a permis de documenter des déplacements allant jusqu’à 1 000 kilomètres.
Ces observations ont permis d’approfondir les connaissances sur la migration et le comportement des chiroptères, soulignant l’importance écologique des grottes comme refuges et zones de transit. Ses travaux ont posé les bases de nombreuses études scientifiques ultérieures en biospéologie (l’étude de la vie souterraine).
Cette approche scientifique, alliée à sa sensibilité d’explorateur, fait de Casteret une figure pionnière dans la compréhension des interactions entre géologie, hydrologie et vie animale dans les milieux souterrains.
Éminent naturaliste, Casteret étudie la faune cavernicole : il bague environ 5 500 chauves-souris et découvre des déplacements jusqu’à 1 000 km, soulignant l’importance scientifique de ses recherches.